Une escapade et un TDAH

Ce matin, premier jour de la semaine après la rentrée scolaire, j’ai «pacquetés les ptits» comme on dit (par chance que leur tante en avait fait un bout la veille), accompagné ma fille dans son taxi, fini de préparer les trucs pour mon fils, et l’ai raccompagné à l’école avec notre gros toutou, pour sa marche matinale.

Jusque-là, rien de spécial sinon qu’une maman qui n’a pas eu beaucoup de break de sa charge de maman depuis un moi et qui avait hâte de décrocher enfin!

En promenant la bête, je me disais que j’avais dont hâte d’avoir plus de motivation dans ma vie de tous les jours et que je cherchais donc cette formule magique pour y arriver. J’ai croisé une maman et son fils qui se hâtaient d’arriver, les ai salués, et fini par recroiser la maman à son retour. En jasant avec elle, j’ai réalisé que j’avais oublié de donner à mes enfants leurs médicaments. Vous savez, ces ptites pillules pour qu’ils apprennent a fonctionner plus conformément à ce que la société leur exige?!?

J’ai donc écris à la prof de ma fille, qui avait 2 pillules en sa possession et une autorisation pour les lui donner, j’en ai pris 2 en me disant que la journée serait peut-être plus facile, et je suis allée a l’école de mon fils lui porter sa dose.

Tant qu’à être dans les drogues, je me suis dit qu’il était temps de retourner chez le plus grand dealer de la province chercher les pillules de plus, notamment la prescription de ma fille pour lui faire faire sa raisonnance magnétique cette semaine sans anesthésie générale, et les renouvellements pour mes TDAH et moi-même.

Fière d’avoir eu l’enthousiame d’aller à la pharmacie sans procrastiner, je m’en allais d’un pas décidé vers cette institution où l’on trouve semble-t-il de tout, même un ami! Était-ce déjà l’effet de ces capsules ingérées? Peut-être !

Après avoir parcourus les 700 mètres qui me séparent de mon but, j’empoignai la porte et la poussai vigoureusement. Rien. Elle résistait aussi fort que je pouvais la pousser. Tirer? Allait-ce fonctionner? Pousser encore, tirer. Incrédule, les points d’interrogation dans mon esprit devaient être flagrants quand une dame, aux allures à la fois de vieille sage et de femme de la rue trop propre (elle était quand même située où quémandent habituellement les mendiants) me répondit:

«c’est fermé».

Fermé? Mais comment, fermé. Ce n’est jamais fermé une pharmacie. Fermé.

«9:00» qu’elle dit. «Il n’est pas 9:00»

Alors voilà que dans un élan de motivation parfois rare, j’avais trouvé le moyen d’anéantir le pourtant si magnifique effort (dans les circonstances, ce genre d’effort est parfois monumental pour moi) en me cognant le nez sur la porte…

Mais je n’étais pas seule. J’avais environ une quinzaine de minutes à attendre. À la fois incrédule quant à l’ironie de cet effort en vain et souvent convaincue que rien n’arrive pour rien, je me suis demandée pourquoi la vie me voulait à cet endroit. J’allais prendre mon téléphone quand cette dame m’interpellait à nouveau pour me parler de ses bobos. Étonnamment, la conversation à pris une tournure assez intéressante quand elle m’a démontrer qu’elle était digne d’une savante folle ou d’une auteure de science fiction! En effet, elle avait hâte que les autos volent parce qu’on allait pouvoir stationner sur les toits et descendre les escalier, mais qu’il faudrait que ça fonctionne au solaire pour ne pas avoir de pollution ET que les rues pourraient alors être reverdies pour limiter encore plus la pollution. Je ne sais pas d’où venaient ses idées mais c’était rafraîchissant de discuter avec elle. Malgré ses apparences douteuses, elle avait clairement des idées rationnelles et innovatrices.

Elle est restée longtemps dans mes pensées aujourd’hui cette dame! Je pensais aussi aux gens dans la rue qui, par divers concours de circonstances fâcheuses, se retrouvent dans une situation précaire malgré eux. En jasant avec une amie, je réalisais aussi comment les plus chanceux et les mieux nantis se retrouvent médicamentés et les moins chanceux et les plus hypothéqués se retrouvent à la rue. Et combien d’esprits vifs s’y retrouvent, tombent dans la drogue, dans la misère, parce qu’ils n’ont pas eu l’encadrement, le soutien, la confiance et la bienveillance de gens autour d’eux. La prévalence des problèmes de consommation de drogues et d’alcool chez les TDAH et les surdoués est de parfois mesurée comme étant de 20% supérieure comparativement à la population en générale. Ça devient une forme d’automédication, de compensation pour essayer de fonctionner dans un monde qui n’est pas adapté aux gens différents. Mais comment pourrait-il être adapté? Certainement pas dans un monde mené par la rentabilité.

Je lisais un article la semaine dernière: «et si on misait sur la diversité plutôt que sur la méritocratie»

Mais on ferait quoi dans un tel monde? Il m’apparaît assez évident que notre modèle tourne mal et nous fait courir à notre perte, tout en échappant trop de gens sur le chemin.

Et portant:

  • très peu d’autres animaux travaillent autant que nous
  • Aucune autre animal ne doit travailler pour vivre, sinon que pour chasser ses repas

J’ai des fantasmes parfois d’un retour à la Grèce antique où les citoyens passaient trop de temps dans les cafés ou sur la place publique a philosopher (bon, ce serait maintenant plus inclusif comme activité), de travail de quelques heures par semaine, de semaines de 4 jours pour tout le monde…